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Re: Je vous raconte notre rencontre IRL de ce 10 août... [message n° 51003 est une réponse au message n° 50979] ven. 12 août 2005 23:27 Message précédentMessage précédent
jean-roch n'est pas connecté jean-roch
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(quatrième épisode)

Ce serait quand même trop bête de faire demi-tour après toutes les aventures que j'ai vécues pour en arriver là ! Je me décide, bravant les influx chimiques qui traversent mes neurones et qui me poussent à dire "fais demi-tour... les deux autres sont peut-être encore plus étranges que Sally... Cartables.net pourrait être un repaire de personnes curieuses qui vont t'emmener à ta perte".
Je craque, et en fixant Mamouth, qui me tend toujours son briquet, je lance un majestueux : "moi, c'est Jean-Roch".

Il aurait fallu entendre le silence qui régna soudain sur la place Beaubourg. Les serveurs s'étaient arrêtés, le plateau en bout de bras, les jets d'eau s'étaient figés sur place, les pigeons s'immobilisaient dans les airs... Le temps de quelques secondes, une rencontre avait eu lieu. C'est quand même magique ces moments-là. On a passé des nuits et des soirées ensemble sans se voir, seulement par clavier interposé, et voilà que je leur parle de vive voix. Je ne peux plus me cacher derrière un smiley, ou fuir derrière une déconnexion impromptue.
J'ai face à moi deux paires d'yeux qui m'observent tout globuleux (les yeux, pas moi), comme dans les bandes dessinées. Et soudain, un "aaaahhhhhhh" s'éclaire au milieu des deux visages que j'ai, dès lors, l'impression de connaître depuis toujours.
Je n'ai pas encore réussi à interpréter ce "aaaahhhhhhh" : était-ce de l'étonnement, de la surprise, de l'allégresse, du dégoût... Je l'ignore, mais j'en ai dédui qu'elles avaient fait le rapprochement avec le Jean-Roch d'Internet.

Voilà, Sally et son homme nous rejoignent déjà, et les présentations sont vites faites. Armelle s'est équipée d'une amie à elle, certainement pour se protéger des dangers de psychopates éventuels lors de ces rencontres virtuelles. J'y pense d'ailleurs, je n'ai pas prévenu grand monde de mes aventures ; qui saura me trouver si l'une de ces créatures virtuelles (quel compliment !) m'enlève et me fait subir les pires supplices qu'on puisse imaginer ? (je pense à la torture bien connue dans le monde de l'enseignement de la rédaction annuelle et obligatoire du cahier-journal, ou pire, à l'obligation de faire une fiche de prép pour chaque jour de la dernière semaine de l'année scolaire 2005-2006).

Je m'efforce d'être discret. Dans le doute, peut-être m'oublieront-elles. Forcément, ça parle déjà boulot, alors j'imite l'homme de Sally en face de moi : j'écoute sans rien dire, mais en hochant parfois la tête pour donner l'illusion de suivre. Ah ces instits qui se rencontrent, c'est toujours impossible pour leurs hommes. D'ailleurs, de mon côté, quand on se retrouve entre amis enseignants, on met toujours des quotas sur les discussions : pas plus de 15 minutes pour l'école. Bon, pour ce soir, c'est mal parti, je pense que sur Paris, tout est permis.
Soudain, une des servantes de Dame Tartine arrive vers nous, et nous oblige à faire notre choix. Bigre, j'étais tellement occupé à m'efforcer de donner l'illusion de suivre la discussion que j'en avais oublié le menu. On voit que celui en face de moi est plus habitué, il a donné une sensation parfaite d'écoute et il connaît déjà son choix...
Voyons voir ; Tartine au chèvre : certainement pas, ces analphabètes ne savent pas qu'on dit "à la chèvre". Tartine froide aux aubergines provençales : je risquerai de déterrer la hache de guerre entre les provinciaux provençaux et les métropolitains parisiens. Tartine aux moules-frites et à la Leffe : ça me tente, mais je ne la trouve pas sur la carte... Devant tant de difficulté à faire mon choix, je tends donc l'oreille, et je choisis "pareil". C'est facile en fait de faire des choix quand on est nombreux.

"Pareil", c'est du canard. Je pense à la pauvre bestiole qu'il va falloir abattre dans la cuisine. Si ça tombe, à cause de moi, il faudra en tuer deux ! Le canard et la cane... Pauvres orphelins.
Après quelques préparations culinaires savantes, notre servante revient, 15 assiettes à la main (pour servir à Paris, en plus sur la place Beaubourg, c'est sûr qu'elle en serait capable, mais j'exagère un peu sur le nombre...). Mmmmh. Quel bonheur ! C'est la première fois que j'arrive à manger en compagnie de Sally, Armelle et Mamouth sans en mettre partout sur le clavier. Et on n'a même pas du se déconnecter ! En plus, on a gagné du temps, sans devoir se dire : "a+" ou ":kiss:" ou "bon ap"... Faudra qu'on mange plus souvent ensemble, surtout que c'est meilleur chez Dame Tartine que dans mon congélo.

Le repas passe (les japonais avec leurs camescopes aussi), la boisson se savoure (la chaleur du soir aussi), et les cigarettes fument (mon canard aussi). Autour de la table, on arrive à refaire le monde. Je continue à incliner régulièrement la tête, c'est un bon moyen pour ne pas faire d'erreur pour la société de demain. Mamouth parle de tout, avec des grands yeux et beaucoup de théâtralité (faudrait voir les nuits dans les bistrots de St-Etienne), Armelle ne parle pas, elle chante tout le temps, c'est impressionnant (mais comme pour les cigales, je pense que la nuit, elle doit d'arrêter un peu, du moins après le Bavardage), et Sally, toujours égale à elle-même, nous raconte, en fumant son calumet magique, ses rencontres avec les monstres dans des forêts lointaines où des vivants s'enterrent pour mieux ressusciter.
Ce qui me rassure, c'est que j'aurais pu tomber sur des gens bizarres, loufoques, étranges, mais tout va bien, je suis en bonne compagnie !

Je me voyais déjà de retour à notre auberge du neuvième étage, m'endormant aussitôt d'un sommeil réparateur, prêt à affronter la fameuse rencontre du 10 août dont la France entière parlait... Nous étions les derniers sur la terrasse, toutes les tables étaient repliées, j'allais bientôt dormir, et voilà que Mam crie soudain, me sortant de mon sommeil cérébral : "allez, on va continuer la fête, on n'a pas fait toute cette route pour aller au lit" ! "Tudieu", comme dit le philosophe, j'aurais du roupiller un peu plus la nuit précédente. Tans pis, j'ai encore 15 jours de vacances pour faire dodo.

Nous voici donc dans des ruelles animées par quelques troquets et saltimbanques qui troublent la paix nocturne. Je commence à me rendre compte que je n'ai vraiment pas un style de parisien avec mon petit bermuda, mes baskets et mon T-shirt de vacancier... alors que tout le monde autour de moi a mis son costume du soir. Peu importe, je ne suis qu'un personnage virtuel dans un jeu très réaliste : on a bien le droit de porter un short hawaïen derrière son écran d'ordinateur, non ?

La démocratie choisit un pub irlandais, au doux nom de Guiness. On m'a toujours appris, dans les "guides de bonnes moeurs pour enfants sages", qu'un homme doit entrer en premier dans un lieu public, ceci pour éviter à la femme qui l'accompagne que des regards étrangers ne la souillent. Bon, je suis un homme, et y'a trois femmes, alors je me lance. J'imagine déjà l'admiration que je vais provoquer chez chacune d'elle : "quel gâlant homme ce Jr", "quelle connaissance de la bonne société". Mwoui. Sauf que lorsque j'essaie de défier la poignée de la porte qui précède le molosse qui fait office de videur, je n'arrive pas à l'ouvrir. Je m'acharne : que vont-elles penser de moi si je ne suis pas capable d'ouvrir une porte ? Diantre, le molosse à l'intérieur a bougé, il se lève, c'est pour moi ! Ah non, c'était juste pour ouvrir la porte qui était verrouillée. Mais quel est donc cet endroit où l'on enferme les clients ?
Moralité, au lieu de voir entrer dans le bar un beau gars distingué, fier et élégant, on a vu débarquer ce soir-là un p'tit jeune provincial, fringué comme un touriste du dimanche, tout penaud d'avoir défoncé une porte juste fermée à clé...

Mince, le gars a refermé le loquet derrière nous, me voici pris au piège. En plus, on nous a placé les oreilles juste contre la batterie des quelques musiciens qui animent la soirée. Inutile de dire qu'ils animent leurs instruments, mais pas nos discussions... Un petit changement rapide de table nous permet de profiter un peu moins des baguettes du batteur. Mais pour nos discussions, c'est toujours aussi compromis. C'est pas grave, on a déjà refait le monde sur la place Beaubourg, on peut pas non plus faire ça dans tous les quartiers, on risquerait de dire des bêtises.
Le bruit - enfin, la musique - nous permet de savourer nos bières respectives. Eh oui, même Armelle boit, mais elle a pris une "bière de fille", certainement pour nous faire croire qu'elle n'en a pas l'habitude. Elle s'est pourtant trahie : si elle a choisit une bière de fille, c'est qu'elle s'y connait, et si elle s'y connait, c'est qu'elle boit souvent ! CQFD.

Bon, je sens que mes lecteurs se fatiguent sur mes yeux qui se ferment. Je nous fais donc vite sortir du bar, après nos quelques essais à bouger un peu les épaules, taper dans les mains, ou même pousser la chansonnette. Cette fois, devant le videur, je ne fais plus d'erreur, et j'attends patiemment, avec l'air d'un grand habitué, qu'il nous ouvre le célèbre loquet.

Brrrr, il fait presque aussi froid que sur la plage de Dunkerque en plein mois d'août. Heureusement, la voiture n'est pas loin et, après quelques embrassades rapides, nous retrouvons notre taxi.
Je n'ai qu'une frousse, c'est que Sally me dise : "je connais un autre bar sympa avec des troubadours et des éleveurs de dragons", mais rien ; elle me déclare juste, par homme interposé : "c'est tout droit" !


(à suivre)

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