astro52 | |
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Inscrit(e) : juillet 2005 Situation géographique : Reims Métier : Formateur d'enseignants de la sécurité routière | |
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Bonjour cassendre,
Je crois aussi que tu es une bonne enseignante qui doute trop. Mais ça n'est pas parce qu'on est bon qu'on est obligé d'en avoir encore envie.
Je suis passé par là aussi, bien que je n'ai jamais essayé d'avoir une vie personnelle à côté du métier. J'ai aussi connu :
- la maladie
- la classe qui fonctionne avec mes ordinateurs pour faire tourner les logiciels que j'ai programmés, avec mes livres de littérature de jeunesse... et j'en passe...
- la reconversion
Finalement, tu vois que le sacrifice de soi n'est pas la solution, puisque même en sacrifiant tout ça ne suffit pas toujours.
Donc comme tu ne peux pas continuer comme ça, il reste à choisir entre deux possibilités : soit continuer autrement, soit faire carrément un autre métier.
Le conseil que je peux te donner, c'est de prendre tout ton temps pour prendre ta décision. Après un "craquage", ce n'est pas le bon moment pour avoir les idées claires, c'est un moment propice à la réflexion, mais pas forcément à la décision. Le temps de la décision est important pour la qualité de ce que tu feras ensuite, dans un cas comme dans l'autre. Ma décision de quitter l'EN a été mûrie pendant des années, et je pense que si j'étais parti sur un coup de tête, je n'aurais pas fait ce que j'ai fait ensuite avec la même qualité. De même pour toi, si tu prends un nouveau départ dans l'EN, ça se passera mieux si tu prends le temps de vraiment te poser la question de pourquoi tu le fais, et la question de pourquoi un nouveau départ ici plutôt qu'un nouveau départ ailleurs.
Quand j'ai préparé mon diplôme de formateur d'enseignants de la sécurité routière, il y avait dans notre groupe un enseignant de la conduite expérimenté, qui a malheureusement renoncé avant notre examen. Il avait été longtemps enseignant de la conduite (anciennement moniteur d'auto-école), et après de nombreuses années il a complètement saturé. Alors il a quitté le métier pendant plusieurs années pendant lesquelles il a entrepris des études de droits. Et finalement, alors qu'il aurait pu chercher à s'installer comme notaire ou avocat, il est revenu à son premier métier d'enseignant de la conduite. Mais il est revenu avec une autre motivation, une autre vision des choses... c'était un enseignant complètement neuf par rapport à celui qui avait quitté le métier quelques années plus tôt. Je crois qu'il savait pourquoi il revenait, comme il savait pourquoi il était parti.
Malheureusement, c'est compliqué d'aller vers autre chose en ce moment, du fait de la situation économique globale. Et donc ça n'est pas toujours moins prenant et envahissant, sans parler de l'aspect financier.
Par ailleurs, continuer dans l'EN implique des changements radicaux. Je trouve scandaleux que le manque de moyens consentis par la mairie finisse par intervenir dans une telle réflexion, qui devrait rester complètement personnelle. En plus, tu as eu 10 ans pour éventuellement étaler les plus gros investissements en matériel, c'est pas comme si tu arrivais dans une nouvelle école et que le budget annuel était déjà dépensé. Là c'est vraiment se moquer du monde, et mépriser ton travail par la même occasion. De la crise d'angoisse à la dépression, il n'y a qu'un pas, même si les vrais dépressifs (comme je l'ai été) ont tendance à ne plus ressentir l'angoisse et admettent difficilement qu'elle en est la cause. La capacité à se mettre en colère protège de la dépression, et ça commence par ne pas admettre l'inadmissible de ce genre de situation.
Donc si la mairie refuse toujours de rattraper le retard sans délai, le mieux qui reste à faire est de t'inscrire au mouvement. Et c'est même à mon avis la meilleure solution pour toi à moyen terme. Avec plus de 25 ans de maison, et une note pédagogique que j'imagine très correcte, tu auras certainement un barème assez confortable pour aborder sereine ce mouvement. Une classe de maternelle à triple niveau, ça n'aidait pas à éviter l'invasion au niveau matériel. Essaye de privilégier un cours simple, en évitant le CM qui envahit par les corrections. Le matériel sera sûrement plus compact, et ton temps de préparation aussi.
En maternelle, on a aussi beaucoup de temps de préparation matérielle en bricolage "bête", qui peut avoir l'avantage de vider la tête. Mais au bout de 10 ans, est-ce que ça possède toujours cette vertu ? Ou est-ce qu'en revenant à des préparations plus intellectuelles tu ne t'en sentirais pas plus valorisée ? La perception de ces petites choses au bout de 10 ans sans en sortir n'est plus forcément celle du premier jour...
On pourrait même aller plus loin dans cette logique. Comme tu es expérimentée et bien vue par ton IEN, tu pourrais peut-être trouver ta place dans une équipe de circonscription comme animatrice/coordinatrice dans quelque chose que tu connais. Surveille les postes à profil qui vont se libérer, il peut y avoir des postes qui t'intéresse et sur lesquels ta candidature serait crédible.
Bien sûr c'est encore un peu tôt dans l'année pour penser à tout ça, mais mieux vaut y penser trop tôt qu'une fois que la date est passée. Même si ça te traite pas le quotidien, avoir un horizon à un peu plus long terme aide déjà à rebondir.
Monument oublié du web pédagogique :
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