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| acceptez-vous le fichage de vos enfants? [message n° 338371] |
jeu. 03 avril 2008 10:53  |
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anne2 | |
| messages : 125
Inscrit(e) : août 2004 Métier : technicienne INSERM | |
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Bonjour,
si vous souhaitez que vos enfants soient fichés pendant 15 ans sans votre accord, sans anonymat, sans sécurisation des données sur internet et que les données soient consultables par les ministères (Education, Intérieur), la mairie, la CAF etc..., surtout, NE SIGNEZ PAS cette pérition:
http://petition.bigbrotherawards.eu.org/signez-la-petition-pour-le-ret rait-de-Base-eleves
PS: mes enfants sont déjà fichés, les infos seront complétées au fil des années sans que j'aie la possibilité de faire supprimer des données erronnées ou non souhaitées (données médicales, psy, familiales etc..)
Ne faisons pas l'économie de la connaissance ! Défendons ensemble l'enseignement et la recherche
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| Re: acceptez-vous le fichage de vos enfants? [message n° 338449 est une réponse au message n° 338371] |
jeu. 03 avril 2008 19:37   |
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| e.delon | |
| messages : 823
Inscrit(e) : août 2004 Situation géographique : Haute-Garonne Métier : cycle 3 et Direction primaire maternelle | |
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Ce n'est pas tout à fait juste Anne2, tu as le droit d'avoir accès à ces données à tout moment !! Et même de faire rectifier les erreurs.
Conformément à la loi du 6 janvier 1978, ce droit d'accès aux informations nominatives s'exerce auprès du directeur. Il suffit de justifier de son identité pour y avoir accès et même en demander une copie (Déclaration à la CNIL en décembre 2004 + art.39? 41 et 42 de la dite loi de 1978)
Par contre, c'est vrai que certaines informations pourraient être consultées sous certaines conditions par d'autres administrations. Il y en a eu qui ont disparu mais d'autres pourraient apparaître. De plus, je rappelle que c'est déjà le cas pour les fichiers collège depuis des années !! Pourquoi personne n'a rien dit alors ? Enlevons BaseElèves, il restera son équivalent collège dès la sixième qui existe depuis plus d'une dizaine d'années et selon exactement le même principe.
Ce qui me turlupine c'est que par les temps qui courent, on pourrait y insérer des données sur le soutien, les PPRE, les stages et tutti quanti... Plus rien ne m'étonne en ce moment.
intuitoman relativiste et toujours chevalier jet d'ail
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| Re: acceptez-vous le fichage de vos enfants? [message n° 338616 est une réponse au message n° 338608] |
ven. 04 avril 2008 12:35   |
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| e.delon | |
| messages : 823
Inscrit(e) : août 2004 Situation géographique : Haute-Garonne Métier : cycle 3 et Direction primaire maternelle | |
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Tous les collèges de France et de Navarre depuis plus de 10 ans !!
Depuis la dernière rentrée, un affichage doit être fait à l'entrée de l'école informant de cette possibilité et l'information donnée en conseil d'école. C'est du moins ce qui est préconisé ici, après que ce soit effectif ou pas...
intuitoman relativiste et toujours chevalier jet d'ail
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| Re: acceptez-vous le fichage de vos enfants? [message n° 346360 est une réponse au message n° 338371] |
mar. 06 mai 2008 10:02   |
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anne2 | |
| messages : 125
Inscrit(e) : août 2004 Métier : technicienne INSERM | |
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1. Quelle est la position de la CNIL ?
« En 2004, le Ministère de l?Education nationale a déclaré à la CNIL la mise en ½uvre d?une application informatique à caractère personnel, dénommée "Baseélèves 1er degré" pour laquelle un récépissé a été délivré. Mais ceci ne vaut pas autorisation. En effet, depuis la loi du 15 Juillet 2004 la Commission Nationale de l?Informatique et Libertés n?est plus en mesure de s?opposer à la création de fichier d?état ou de sécurité. Son avis n?est plus que consultatif. De plus, la déclaration à la CNIL a été faite après le début de « l?expérimentation », le récépissé a été délivré 15 mois après. Les nombreux courriers de la CNIL adressés au MEN en notre possession montrent que BE pose aussi beaucoup de problèmes à la CNIL, notamment en matière de sécurisation de données. Malgré cela le ministère ne donne pas de réponses satisfaisantes. En tout cas, le contenu de BE, ainsi que la façon dont elle est mise en place ne sont pas conformes aux recommandations de la loi relative à l?informatique, aux fichiers et aux libertés, dont quelques extraits se trouvent en annexe h.
2. Pourquoi s?alarmer puisque les informations demandées sur la fiche BE qu?on nous a distribuée (renvoi sur la fiche en annexe) ne diffèrent pas de celles fournies à chaque rentrée ?
En effet, cette fiche diffusée sur l?académie de Grenoble demande des informations dites « obligatoires » que vous avez l?habitude de fournir en début d?année (état civil ? dont le lieu de naissance donc en quelque sorte la nationalité, situation familiale ? divorce par ex, téléphones et adresses professionnels, téléphone des personnes habilitées à venir chercher votre enfant...). Pourtant, la grande différence avec BE, c?est que ces informations que vous donniez en toute confiance à l?école, et qui restaient entre vous, le directeur et l?enseignant de votre enfant seront maintenant sur une base communicable et partageable à l?échelon national ... Mais surtout, la fiche est trompeuse : elle ne comporte qu?une petite partie des 59 champs existant dans BE. Les champs qui nous posent le plus problème (santé, suivis spécialisés, évaluations scolaires, absentéisme, redoublements ...), et qui sont appelés « champs facultatifs », ne seront pas remplis par vous, mais par le directeur ou l?inspecteur. L?information qu?on vous a donnée est trompeuse : la fiche ne vous présente que certains champs et vous donne l?impression que c?est le seul contenu de BE. D?ailleurs, on vous dit aussi sur la note d?information que « les données de cette base seront utilisées dans l?école de votre enfant » et non pas que c?est une base nationale et partageable
3. Et si je demandais au directeur de remplir « a minima » : uniquement les « champs obligatoires », uniquement l?état civil, uniquement les noms des élèves ?
Certains parents d?élèves ou enseignants ont eu cette idée. Nous vous le déconseillons fortement : à partir du moment où les noms sont entrés, l?administration considère qu?il n?y a pas d?opposition à BE. Ensuite, rien ne garantit que votre directeur l?année prochaine, ou un nouveau directeur moins vigilant, ou l?inspecteur, ou encore la mairie ne remplira pas les champs facultatifs. Enfin, on sait d?expérience que les fichiers une fois existants sont évolutifs. C?est ce qui s?est passé dans le secondaire avec le fichier « sconet ». De nouveaux champs peuvent apparaître au cours du temps, et les fichiers peuvent être détournés de leur vocation première. Donc une seule règle : refuser absolument BE en bloc
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| Re: acceptez-vous le fichage de vos enfants? [message n° 373903 est une réponse au message n° 338371] |
lun. 18 août 2008 14:27   |
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anne2 | |
| messages : 125
Inscrit(e) : août 2004 Métier : technicienne INSERM | |
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OUPS!!
Ce dernier message me fait penser que la résistance contre le sympathique fichier Edvige n'a semble-t-il pas été relayée ici.
petit rappel, donc:
La Cimade a rejoint les 189 organisations qui viennent de lancer un appel pour l'abandon du fichier EDVIGE, nouveau fichier de renseignement institué par décret le 1er juillet 2008.
Ce fichier recensera, de manière systématique et généralisée, toute personne « ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui joue un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif ». Sans exception, toutes les personnes engagées dans la vie de la cité sont donc visées.
En outre, ce fichage vise à permettre la collecte de renseignements identitaires sur les « suspects » (personne mais également groupe) simplement considérés, par la police, comme susceptibles, à l?avenir et de manière totalement hypothétique, de porter atteinte à « l?ordre public ».
Il permettra de compiler toutes les notes de renseignements telles que : état civil, photographie mais aussi fréquentations, comportement, déplacements, appartenance ethnique, vie sexuelle, opinions politiques, philosophiques, religieuses, appartenances syndicales et associatives ?
La police sera autorisée à consulter ce fichier en cas d?enquêtes administratives pour l?accès à certains emplois.
Les mineurs ne seront pas épargnés puisque fait sans précédent dans notre République et particulièrement choquant, leur fichage sera autorisé dès l?âge de 13 ans et cela sans qu?aucune infraction n?ait été commise et sur la seule base de leur dangerosité présumée.
Une pétition a été lancée, ayant récolté, 5 jours après son lancement, plus de 20 000 signatures.
Nous vous invitons à signer cet appel et à le relayer autour de vous
http://nonaedvige.ras.eu.org/ <http://nonaedvige.ras.eu.org/>
D'autres initiatives sont prévues dans les prochains mois, notamment un recours au Conseil d'Etat, des saisines de la HALDE, et des mobilisations contre cette grave atteinte aux libertés.
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| Re: acceptez-vous le fichage de vos enfants? [message n° 375168 est une réponse au message n° 373903] |
ven. 22 août 2008 07:52   |
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panda |  | | messages : 1306
Inscrit(e) : juillet 2004 Situation géographique : Grand Est Métier : CM + direction | |
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Pour ce qui est de base élève voici ce que j'ai reçu le 20août :
L’application Base élèves 1er degré est mise à jour, suite à la décision du ministre concernant la suppression de certaines données.
La version mise en place actuellement inclut la suppression des données relatives à :
la profession des parents,
la situation familiale,
les besoins éducatifs particuliers de l’élève et l’absentéisme signalé.
Elle contient également la fiche de renseignements accompagnée d’une notice d’information des parents d’élève à utiliser pour la rentrée.
La version suivante de l’application, qui sera mise en place fin octobre, inclura les suppressions de données relatives aux acquis et compétences de l’élève (langues vivantes, B2i, APER, APS, socle de compétences, PPRE).
Dans l’attente de cette version d’octobre, il vous est demandé de ne pas utiliser ces dernières données.
Merci d’avance.
Pour le ministère de l’éducation nationale,
L’équipe nationale Base élèves 1er degré
Panda
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| Re: acceptez-vous le fichage de vos enfants? [message n° 384482 est une réponse au message n° 338371] |
jeu. 11 septembre 2008 10:24   |
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anne2 | |
| messages : 125
Inscrit(e) : août 2004 Métier : technicienne INSERM | |
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Où il faut retenir que nous ne pouvons avoir confiance dans l'action de la FCPE puisqu'elle ne s'oppose plus à l'instauration de cet instrument de contrôle social qu'est "base élèves"
A noter que ce dispositif obligatoire (qui s'y soustrait est immédiatement sactionné à l'exemple d'enseignants du plateau matheysin en Isère) ne figure pas dans le "guide des parents" donc il n'est pas sensé avoir un impact positif sur la réussite des élèves (il faut le mettre en place sans en informer correctement les parents)
"
Par ailleurs, on peut noter qu?après de fortes contestations, notamment du « Réseau éducation sans frontières » (RESF), depuis octobre 2007, le ministre de l?Education nationale a confirmé que les directeurs d?école n?ont plus à renseigner trois données dans le logiciel « Base élèves » : la nationalité des élèves, leur langue de culture d?origine, la date d?entrée en France des enfants de nationalité étrangère.
Cependant, nous avons pu constaté qu?actuellement ces items apparaissent encore sur les fiches de renseignement des directeurs d?école (une étoile souligne seulement que ces données ne sont pas obligatoires).
Dans ces conditions, malgré la suppression officielle de toute référence à la nationalité, des syndicats et la « Ligue des droits de l?homme » (LDH) revendiquent toujours la suppression pure et simple, dans son intégralité, du fichier « Base élèves ».
En revanche, contre toute attente, le bureau national de la FCPE communique une note d?information le 1er février 2008 qui participe à troubler, voire à casser les mobilisations collectives qui se mettaient en place un peu partout en France, notamment sous l?impulsion des comités locaux de la Fédération des conseils de parents d?élèves. En effet, ne voulant pas remettre en cause à priori les garanties apportées par le gouvernement concernant notamment l?absence de transfert de données sensibles aux mairies, cette note indique que « la FCPE ne s?oppose pas à la mise en oeuvre du logiciel « base élèves premier degré ». (?)
http://baseeleves38.wordpress.com/2008/03/14/base-eleves-education-ou- fichage-lhyper-controle-social/
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| Re: acceptez-vous le fichage de vos enfants? [message n° 397697 est une réponse au message n° 338371] |
mar. 21 octobre 2008 09:52   |
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anne2 | |
| messages : 125
Inscrit(e) : août 2004 Métier : technicienne INSERM | |
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ce fichier est surement très bien, à condition que ça ne tombe pas sur mes enfants.
On me demande mon autorisation pour un tas de broutilles.
Mais dès que c'est un peu important (15 ans mini ), on s'en tape.
Je suis prète à écouter les arguments de ceux qui prétendraient que la mise en place de ce fichier peut apporter quelque chose de positif pour l'éducation (me dire quoi par exemple) , ce qui est sûr, c'est que dans les cas (nombreux) où la confiance a su s'installer entre parents et enseignants, la mise en place de base élèves est en train de la compromettre sérieusement.
Et de plus il y a un risque que les autres revendications ne soient pas prises au sérieux ( que les parents pensent que ce n'est pas dans l'intérêt des enfants non plus)
PS: Sarkozy a été victime d'un piratage de son compte informatisé.
Mais pour base élève, c'est différent, c'est archi sécurisé (on n'a qu'à y croire...)
Tout fichier concernant mes enfants ne doit pas sortir de l'école, c'est quand même la moindre des choses, surtout quand on le fait dans notre dos.
(je n'aimerais pas que mes enfants soient sous la responsabilité d'un enseignant d'aussi mauvaise foi. Heureusement , ce n'est pas le cas)
Il existe une parade pour les écoles qui ont déjà mis ce système en place (pas le choix, si j'ai bien compris): il suffit d'apporter des réponses standardisées, que ce soit sur les résultats scolaires, la profession des parents et autres données perso.
Tout le monde à la même enseigne, le fichier ne sera pas exploitable et les enseignants (comme les enfants) ne seront pas sanctionnés
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| Re: acceptez-vous le fichage de vos enfants? [message n° 398043 est une réponse au message n° 338371] |
mer. 22 octobre 2008 14:20   |
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anne2 | |
| messages : 125
Inscrit(e) : août 2004 Métier : technicienne INSERM | |
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| christine53 a écrit le mer, 22 octobre 2008 13:09 | en tant que directrice d'école, les seuls renseignements que je rentre sur base eleves sont bien sur le nom, les prénoms de l'enfant, nom et prénom des parents, adresse et date de naissance de l'enfant, et la classe de l'enfant. C'EST TOUT. Il n'est bien évidemment pas question de renseigner ce fichier sur des info plus personnelles, et sur les difficultés et suivis des enfants. C'est pour moi un fichier de gestion des effectifs.
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le problème, c'est que c'est au bon vouloir du directeur ou de la directrice.
Comme partout, il peut exister des directeurs moins soucieux des droits de l'Homme et rien ne les empêche de remplir d'autres champs, qui ne sont pas physiquement supprimés.
Et cela dans la plus grande opacité vis à vis des parents (même si ceux-ci ont la possibilité de demander une copie des données perso (de leur enfant ) qui se balladent sur internet.
Le champs concernant la date d'entrée en France a été récemment supprimé grace à la mobilisation que cette tentative avait entraînée. Il fallait endormir la méfiance des parents jusqu'à ce que tous les enfants soient fichés (ce qui ne saurait tarder).
Après quoi, il sera très facile de rajouter tous les champs qui paraitront utiles à telle ou telle administration (c'est l'affaire de 5 minutes)
Bien que très naïve, j'ai du mal à imaginer que Base Elève soit le seul fichier à n'être pas destiné à contenir des données exploitables.
Si ce fichier ne contient rien d"'important" et que nous sommes assurés que jamais il ne pourra évoluer (comme a évolué en douce le fichier destiné au secondaire), ça veut dire qu'il n'apporte rien aux enseignants pour mener à bien leur mission: alors était-il vraiment utile de passer autant de temps à le mettre en place (temps qui n'est pas consacré à s'occuper des élèves)?
A mon avis, ça ne valait pas le coup de se mettre à dos les parents avec ce gadget soit inutile, soit dangereux
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| Re: acceptez-vous le fichage de vos enfants? [message n° 407710 est une réponse au message n° 399699] |
mar. 11 novembre 2008 11:14   |
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laurence93 | |
| messages : 994
Inscrit(e) : décembre 2004 Situation géographique : 93 Métier : CP | |
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Trouvée sur EDP, la lettre d'un directeur à son inspecteur :
Objet : Refus de mettre en place le dispositif Base-Elèves dans mon école
Villefontaine, le 8 octobre 2008
Madame l’Inspecteur d’Académie,
Je vous informe que je ne mettrai pas en place le dispositif Base-Elève dans l’école dont j’occupe la fonction de directeur, en accord avec mes collègues et avec la motion adoptée par le conseil d’école du 1/6/2007 dont voici le texte : […]
A l’époque où l’Armée accueillait en son sein des appelés du contingent, celle-ci reconnaissait à ceux-là le droit à l’objection de conscience. Je demande à mon ministère de me reconnaître cette possibilité par rapport à l’installation du dispositif Base-Elèves dans mon école. D’après la LOI n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires et plus particulièrement de son article 28 qui pose le principe hiérarchique d’obéissance du fonctionnaire dans les termes suivants : “Tout fonctionnaire, quel que soit son rang dans la hiérarchie, est responsable des tâches qui lui sont confiées. Il doit se conformer aux instructions de son supérieur hiérarchique, sauf dans le cas où l’ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public.” Le fonctionnaire garde donc une marge d’appréciation des ordres qu’il reçoit. On ne saurait sans méconnaître la loi contester au fonctionnaire cette liberté qui, avec la bonne exécution des tâches qui lui sont confiées, participe de sa responsabilité propre.
Mes motivations reposent sur cinq constats :
Base-Elèves n’améliorera en rien le fonctionnement actuel ni de mon école, ni de celui de l’Education Nationale et n’améliorera pas la réussite scolaire de nos élèves.
Base-Elèves modifie la nature de mes fonctions.
Base-Elèves ne respecte pas les droits fondamentaux des personnes.
Base-Elèves participe de fait à l’instauration d’une société du fichage généralisé.
La garantie de confidentialité et de non utilisation à d’autres fins que celles définies initialement des données recueillies par le dispositif Base-Elèves ne sont pas garanties dans le temps.
1. Base-Elèves n’améliorera en rien le fonctionnement actuel ni de mon école, ni de celui de l’Education Nationale et n’améliorera pas la réussite scolaire de nos élèves.
Dans la notice d’information des parents d’élèves, deux objectifs sont donnés pour expliquer la mise en place du dispositif :
Assurer la gestion des élèves des écoles maternelles, élémentaires et primaires. Je dispose déjà, pour cette gestion, d’un logiciel, « Le Directeur », coût 15 euros, qui suffit amplement pour remplir l’enquête 19, éditer les différentes listes d’élèves, préparer les listes électorales pour les élections des parents délégués et accomplir tous les autres actes de la direction.
Etablir le suivi des effectifs d’élèves dans l’ensemble des écoles. Cette tâche est déjà réalisée par la communication régulière de nos effectifs chiffrés, voire la vérification par les IEN, sur le terrain, de la réalité de ces chiffres. En quoi, la mise en place d’un recensement nominatif améliore-t-elle le dispositif existant ?
Base-élèves n’est pas une aide pour notre travail administratif. Dans la liste des nombreuses revendications pour l’amélioration de notre métier, un fichier centralisé n’a jamais été demandé ni même évoqué. Par ailleurs, ce dispositif n’a aucune vocation à réaliser l’objectif ministériel prioritaire, à savoir lutter contre l’échec scolaire et ne permettra en rien d’améliorer la réussite scolaire de nos élèves.
2. Base-Elèves modifie la nature de mes fonctions.
C’est une rupture dans le contrat que j’avais passé avec l’Etat en devenant instituteur car je ne m’étais pas engagé à accomplir des actes qui relèvent de la fonction d’ auxiliaire de police. C’est la première fois que je dois faire remonter des données nominatives sur les familles. Ce qui remontait jusqu’à présent n’étaient que des chiffres qui suffisaient largement à l’administration centrale et notamment à la Direction de l’Evaluation et de la Prospective pour élaborer tous les tableaux, diagrammes, études possibles et imaginables afin de « piloter » le système scolaire français. C’est une rupture sans précédent dans la relation d’écoute et de confiance que nous essayons d’établir avec les familles.
3. La mise en place du système Base-Eleves ne me paraît pas respecter les droits fondamentaux des personnes, notamment dans le domaine de leur vie privée, et me semble contrevenir aux textes suivants :
Article 12 de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme de 1948 : […]
Article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales (1950) : […]
Article 1 de la loi ” Informatique, Fichiers et Libertés” du 6 janvier 1978 qui instaurait la création de la CNIL : […]
Je ne suis pas certain, et même sur les cas déjà observés carrément sûr du contraire, que l’information faite aux parents réponde aux exigences contenues dans les textes suivants :
Directive 95/46/CE DU Parlement européen et du Conseil (24 octobre 1995), directive relative à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données […]
Extraits de l’article 32 de la Loi relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés du 6 janvier 1978 portant sur les « Obligations incombant aux responsables de traitements » […]
4. Base-Elèves participe de fait à l’instauration d’une société du fichage généralisé.
Il s’est trouvé des fonctionnaires pour effectuer des rafles, d’autres pour jeter des personnes d’origine nord-africaine dans la Seine, d’autres encore pour justifier, aider, préparer ces actions. Je ne m’ inscrirai pas dans cette lignée-là. Rien ne me destinait, en prenant en charge la direction d’une école, à devenir un des rouages, si modeste soit-il, de la mise en place d’une société du fichage généralisé, qui me semble être une dérive dangereusement liberticide. Au nom d’une éthique de mon engagement professionnel et d’une morale qui m’est propre, il m’est impossible de participer à ce qui me paraît être de nature à remettre en cause les fondements mêmes de notre société républicaine. La multiplication des instruments de contrôle social est déjà très inquiétante… mais élargir ceux-ci à l’enfance est proprement intolérable. Les enfants ne sont pas des citoyens et n’ont pas le statut juridique pour rendre des comptes à la collectivité. Préserver un monde de l’enfance à l’écart de la société des adultes me paraît fondamental.
5. La garantie de confidentialité et de non utilisation à d’autres fins que celles définies initialement des données recueillies par le dispositif Base-Elèves ne sont pas garanties dans le temps.
Les données que nous allons faire remonter nous échappent totalement comme nous échappent totalement leur utilisation future, le champ des futurs utilisateurs et les projets qu’elles pourront servir. L’exemple de l’extension au fil du temps du champ d’application du fichier des empreintes génétiques, montre, s’il en était besoin, que la destination d’un outil se modifie au cours du temps. Je pense profondément que toute parcelle de liberté perdue ne se récupère pas.
Confiant dans les vertus de l’exemplarité, comment pourrions-nous y prétendre en professant d’un côté la responsabilisation des enfants qui nous sont confiés et en adoptant une attitude irresponsable consistant à mettre en place un système dont nous savons qu’il sera dangereux pour les libertés et la démocratie ?
Je préciserai enfin que je ne suis pas le seul à ressentir les dangers de cet outil puisque d’aussi prestigieuses personnes que M. Philippe MEIRIEU (Professeur à l’Université LUMIERE-Lyon 2), M. Albert JACQUARD (Professeur d’Université à la retraite), M. Hubert MONTAGNER (Professeur des Universités en retraite et ancien directeur de recherche à l’INSERM dans les domaines de la psychophysiologie, du développement, du comportement et des rythmes de l’enfant), Mme Christine BELLAS CABANE (Pédiatre anthropologue présidente du syndicat national des médecins de PMI), M. Jacques TESTART (Directeur de recherche honoraire de l’INSERM), demandent la suppression de Base-Elèves, de même que de nombreux conseils d’école et municipalités sur tout le territoire se sont prononcés contre sa mise en place. Le ministre de l’Education Nationale, M. Xavier Darcos, n’a-t-il pas lui-même déclaré récemment que ce fichier lui semblait « profondément liberticide ».
Je terminerai par cette citation d’ Albert Jacquard, citation dont je partage les valeurs :
« L’actualité apporte plutôt des exemples d’enfermement dans la logique sécuritaire. Le plus inquiétant est donné par les recherches en vue de dépister le plus tôt possible les enfants « à risque », c’est-à-dire susceptibles de devenir des délinquants. Dès l’école maternelle, quelques experts seront chargés de cette détection qui permettra de surveiller avec une particulière attention les individus potentiellement dangereux, ou même de les soumettre préventivement à des traitements médicaux. Ainsi l’ordre sera préservé.
C’est exactement la société que prévoyait Aldous Huxley dans son roman Le Meilleur des mondes, une humanité où chacun serait défini, catalogué, mis aux normes. Le concept même de personne autonome, capable d’exercer sa liberté, disparaîtrait. Un des aspects les plus insupportables de ce projet, tel qu’il a été présenté par la presse, est l’établissement d’un document qui suivra le jeune au long de sa scolarité : inscrit dans un registre ou sur un disque d’ordinateur, ce document, avatar du casier judiciaire, permettra, au moindre incident, d’exhumer son passé. S’il est pris à dix-sept ans à faire l’école buissonnière ou à taguer un mur du lycée, ce comportement pourra être rapproché de son instabilité caractérielle déjà notée au cours préparatoire. Cet enfermement dans un destin imposé par le regard des autres est intolérable, il est une atteinte à ce qu’il y a de plus précieux dans l’aventure humaine : la possibilité de devenir autre.
Notre parcours n’est pas déjà écrit, demain n’existe pas. A chacun de le faire advenir. Laissons la prédestination à quelques théologiens, soyons conscients et aidons les autres à devenir conscients qu’en face de nous la page est blanche. J’ai raconté au début de ce livre comment, passant durant l’Occupation sans livret scolaire d’un lycée à un autre, j’ai saisi au bond l’occasion de changer la définition que les autres donnaient de moi. J’en ai gardé la conviction que la liberté de chacun ne peut s’épanouir que si la société ne possède pas trop d’informations sur lui. « Je suis celui que l’on me croit », dit un personnage de Pirandello. Mieux encore serait : « Laissez-moi devenir ce que je choisis d’être. »
Albert Jacquard, Mon utopie
Veuillez croire, Mme l’Inspecteur d’Académie, en mon engagement sincère au service de l’Education Nationale.
Laurence Rapporter un message au modérateur
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Heure actuelle : mer. 19 nov. 01:35:16 2025
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