lucette-alanis | | | messages : 3894
Inscrit(e) : octobre 2008 Situation géographique : Au pays des bretzels Métier : PS-GS | |
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Il me semble que ça peut être utile (même si c'est un peu triste de placer ça dans un forum d'enseignants...)
Je vais simplement raconter mon expérience, en essayant de rester objective.
Après un burn-out en mai 2018, j'ai compris que je serais plus heureuse en faisant un autre métier.
Oui, comme beaucoup, l'administratif-politique actuel me pèse. Je trouve la façon de gérer les personnels, les élèves est disons-le, nulle, et au mieux maladroite.
Je trouve aussi cependant que ça vaut la peine de se battre et que malgré tout, on arrive à mettre en place des projets géniaux et à laisser des souvenirs précieux aux enfants. Je sais qu'il y a ici des personnes formidables, qui font un boulot incroyable.
Moi, je n'y arrive pas, parce que je ne suis pas une animatrice. Je le ressens depuis le début, je suis mal à l'aise quand je dois motiver des gens, être regardée. Je pensais que ça s'apprenait. Mais pour moi, ça n'a pas marché. Que ce soit lié à ma personnalité, à un hypersensibilité, de la timidité extrême ou autre chose, même avec l'habitude, c'est trop fatigant pour moi. Je peux préparer des documents, planifier, etc, mais dès que je dois convaincre les enfants de me suivre dans mes projets, en personne, ça bloque (derrière un écran, ça va mieux!).
Après mon arrêt, j'ai commencé un bilan de compétences. Financement demandé au rectorat par le biais du CIF, le montant proposé était tellement ridicule (200 euros pour 1600 euros de bilan) que j'ai renoncé et financé moi-même un bilan plus court (environ 600 euros).
Pendant ce bilan, ma conseillère et moi avons trouvé une formation de graphiste en alternance (qui m'aurais permis de garder un salaire, celui de mes journées de stage). J'ai postulé, et envoyé à ce moment-là une demande de disponibilité.
Je bénéficiais aussi d'une priorité au mouvement, donc j'ai fait mes voeux dans l'espoir d'avoir un poste en maternelle, au cas où je ne serais pas prise. Je pensais qu'en maternelle, je pourrais travailler façon "montessori", ce qui limiterait les moments où je serais confrontée au groupe-classe, et que je pourrais éventuellement demander un temps partiel, pour faire une formation par correspondance.
C'est là que ça a commencé à partir en vrille:
- ma dispo a été accordée, et mes vœux au mouvement ont été annulés.
- je n'ai pas été prise dans cette formation, mais je l'ai appris après la clôture du mouvement.
-ma conseillère du bilan de compétence a dû être hospitalisée et n'a plus donné de nouvelles (si, j'ai eu un appel de sa remplaçante la semaine dernière!)
J'ai donc décidé de me lancer.
Concrètement, je fais quoi ?
- Je suis inscrite à une formation de graphiste à distance, que j'ai financée moi-même. Pour être honnête, je crois que j'aurais mieux fait de choisir secrétariat ou comptabilité. J'ai fait ce choix dans l'urgence.
- Je vais monter ma micro-entreprise d'illustration. Pour ça pas besoin de formation, juste de beaucoup de pratique, et là j'ai le temps. J'aurais le droit à une prime (l'IDV, d'environ 13 000 euros )si je démissionne pour ça. Démissionner, ça veut dire pas de droits au chômage (en tant que fonctionnaires, on ne cotise pas pour ça) ni aux formations Pôle Emploi.
- Je cherche un job alimentaire. Etant en dispo pour convenances personnelles, j'ai le droit, mais il faut demander une autorisation (on n'a pas le droit de travailler pour la fonction publique). J'ai testé les cours particuliers, mais là, j'ai compris que je ne VEUX plus enseigner, je bloque, j'angoisse, non, c'est fini. J'ai envoyé des CV aux enseignes de chez moi, la seule réponse positive que j'ai eue c'est pour un remplacement au périscolaire, à temps partiel , avec les maternelles. Je fais donc ça jusqu'en décembre, mais le salaire est vraiment tout petit. Ça me convient, sauf que je dois intervenir face au grand groupe, vraiment, là ça bloque. Je n'envisage donc pas de continuer.
Financièrement, c'est dur, très dur, même si trouver les combines pour dépenser moins (seconde main, minimalisme...) c'est passionnant. Psychologiquement, en-dehors de cette angoisse-là, qui est énorme, je me sens libérée. quand je rencontre des gens, je n'a plus besoin de dire "je suis maîtresse", plus besoin de subir toute cette pression !
Voilà où j'en suis. Ce n'est PAS un modèle à suivre, plutôt un parcours tout brouillon, et je ne sais pas où je serais l'an prochain.
Mon compte en banque me dit "Retourne à l'école!" et mon cerveau me dit "Nooooooon!".
Sans pluie, il n'y aurait pas d'arcs-en-ciel.Rapporter un message au modérateur
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